7 janvier 2008

Petite anecdote africaine

Il y a plus de 2 semaines de ça, fidèle à mon habitude, je me trompe de chemin en retournant à la maison. Accrochée solidement au volant de ma mobylette, j’essaie d’éviter trous, poulets, enfants, roches, cochons et déchets parsemant le six-mètres. Après quelques minutes de confusion totale, je finis par me retrouver à l’arbre.

Cet arbre, tout le monde le connaît dans mon quartier. C’est l’endroit où les hommes se rencontrent pour prendre le thé à l’heure de la sieste. C’est à cet instant que je l’ai aperçu. Bien installé au frais sous le manguier, une tasse de thé vert de Chine fumant à la main, il me salue de l’autre. Tout émoustillée, je lui rends le bonjour et je passe mon chemin en essayant d’éviter une pintade rebelle effrayée par le bruit retentissant de mon moteur. J’avais vraiment « fière allure » sur ma mobylette. Tout pour avoir l’ « AIR » de maîtriser la situation.

Je l’ai croisée par hasard à deux autres reprises dans cette même journée. Le lendemain, pas par hasard, j’ai repris le chemin de la veille. Cette fois, je me suis arrêtée. Et j’ai pris le thé. J’ai discuté avec les hommes sous l’arbre en faisant comme si l’objectif de mon intrusion dans leur rituel était de fraterniser avec le voisinage. Après le premier service du thé (« dur comme la vie », parce que très corsé), j’apprends que Romuald, est joueur de foot national pour l’équipe de Koudougou. Au deuxième service du thé (« doux comme l’amour », parce qu’il est plus léger, car infusé pour la deuxième fois), je remarque qu’il a la plus belle paire de fesses du Centre-Ouest du Burkina. J’ai envie d’en connaître plus sur son compte, donc je reste pour le troisième service (« sucré comme la femme », parce qu’infusé une troisième fois, il goûte l’eau donc on le sucre beaucoup). J’apprends, à mon grand plaisir, qu’il est mon voisin. Il réside à deux portes de chez moi, après la carcasse d’autobus, en face du papayer. Hummmmm ! C’est tellement exotique !

Depuis cette journée passée en sa compagnie, je n’ai encore pu m’en séparer. Corps athlétique, fesses rebondies, cheveux en rastas, sourire blanc comme neige, corps athlétique… Ais-je déjà mentionné qu’il avait un corps athlétique ? Oui ? Alors, je me permets d’insister !

Je suis en train de découvrir un des rares hommes modernes occidentalisés du Burkina. Il est devenu ma drogue, mon air, ma joie de vivre ! Aurais-je déniché l’Amour sous le manguier ?