13 décembre 2007

Ma vie à Koudougou

Mon arrivée à Ouagadougou c’est bien passée. Comme prévu, j’ai été accueilli à l’aéroport par un coopérant d’OXFAM-Burkina. Je ne savais pas à cet instant mais Simon sera mon voisin de quartier, mon collègue de travail ainsi qu’un compagnon de route pour les sorties en dedans et au dehors de Koudougou.

J'ai passé ma première nuit en Afrique à la Mission catholique. Le lendemain, j’ai rencontré les stagiaires en coopération internationale de Ouagadougou et de Fada. J’ai été reçu à la fondue chinoise le soir pour souper ! Je crois qu’ils essayaient de me ménager. J’imagine que leur objectif était de limiter mon choc culturel, mais ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que la seule chose dont j’avais envie était d’aller gambader dans les rues de la capitale, de manger des plats typiques tel que le tô, de boire du dolo dans une calebasse et de danser sur la piste d’un maquis.

Le lendemain matin, un chauffeur m’a amené à la résidence où j'allais passer les trois prochains mois de ma vie. La villa de Koudougou est spacieuse, confortable et apparemment très luxueuse pour une maison au Burkina. Il y a deux toilettes, une salle d’eau, une grande douche interne et même un bain ! Deux hamacs sont installés sous les gros manguiers de la cours. Aussi, j’ai des portes et des fenêtres qui se barrent et le gardien, Oscar, surveille la résidence la nuit tombée. Malheureusement, ceci n’empêche pas les geckos et les cafards d’entrer !

Les deux stagiaires avec qui je partage la villa, Marilou et Philippe, sont vraiment formidables. Ce sont de bons vivants faciles à vivre. Toujours de bonne humeur, toujours motivés pour explorer les environs et pour faire de nouvelles rencontres. Chaque jour est différent et toujours aussi plaisant que le précédent. Je suis vraiment bien tombée avec ces deux là ! Je n’échangerais de colocataires pour rien au monde.

La journée de travail débute à 7 h et se termine à 17 h 30. Une pause de trois heures, de 12 h à 15 h, s’impose pour la sieste. La coutume veut que l’on fasse le tour des bureaux pour saluer nos collègues à notre arrivée. Après une heure de discussion, je retourne à mon bureau pour faire… Pour faire un gros rien du tout. Pour l’instant du moins. Je suis présentement devant mon ordinateur et je rédige mon blog, car je n’ai pas le matériel requis pour accomplir mon mandat qui est de faire le montage vidéo de trois documentaires sur l’alphabétisation des femmes au Burkina : un vidéo en moré, un en dioula et l’autre en lyélé. J’attends les cassettes et la caméra pour débuter le projet. Mais bon, faut prendre son mal en patience. Tout est lent ici. L’expression : « Être pressé », les Africains ne connaissent pas.

Vous ais-je mentionné que le bureau me fournit une mobylette ? Conduire cette mopette dans les six-mètres de Koudougou est un défi de taille que je dois relever à chaque jour pour me rendre du point "A" au point "B". Dans la ville entière (100 000 habitants), il y a deux feux de circulation et environs cinq "Arrêt". Et le code de la route est inexistant ! Les gens circulent autant à dos d’âne qu’en 4X4 sur la grande voie. C’est difficile d’anticiper dans quelle direction les poulets et les pintades vont se mettre à courir. Aussi, il faut éviter les trous, les roches et les amas de déchets.

La nourriture est meilleure que je l’appréhendais. Le St-Hubert BBQ peut aller se rhabiller maintenant que j’ai goûté au poulet télévisé du Burkina ! Les poulets ici ne sont pas engraissés, gavés ou biologiquement transformés. Ils ont la forme ! Un instant, le poulet court dans la rue, et le moment d’après, il est dans ton assiette. Ici, une portion équivaut à un poulet entier ! Ils sont tellement petits qu’il est impossible de rassasier deux personnes avec une seule volaille. Une cuisse de poulet du Burkina correspond à la grosseur d’une aile de poulet de la Cage aux Sports !

À la villa, nous avons notre homme à tout faire, Casimir. Il nous prépare nos trois repas par jour, six jours semaine. Il fait notre marché, le ménage, le lavage et la vaisselle. Nous avons la chance que Casimir soit un excellent cuisinier. Il nous concocte plein de petits plats exotiques, typiques et moins typiques pour le plaisir de nos papilles gustatives : crêpe choco-banane, yaourt à la papaye, couscous aux légumes, riz aux arachides, etc.

La température moyenne est de 30° le jour et de 20° la nuit durant la saison sèche. L’Harmattan a récemment commencé à souffler le sable du Sahara sur Koudougou. Ce vent chaud du Sahel rafraichit tout de même un peu l’atmosphère, mais amène aussi beaucoup de poussière. Moi, j’ai chaud ! Mais tous les autres ont froid. Je vois fréquemment des Africains en manteau d’hiver vêtus d’une tuque tandis que moi, je sue par tous les ports de ma peau ! En février, il commencera à faire plus chaud encore. Le thermomètre atteint généralement les 40, 45° Celsius sous un soleil de plomb. Ouvrez le four de votre cuisine lorsqu’il est à broil, c’est le même effet !